Les richesses du continent américain décident les puissances européennes à prendre possession du territoire, à y investir des capitaux et à y envoyer navires et colons. C’est dans ce contexte que le roi de France octroie des monopoles aux marchands pour exploiter les ressources en échange de leur engagement à peupler le territoire.
Après quelques tentatives de colonisation peu concluantes, notamment celle du baron de Léry et de Saint-Just en 1518 sur l’île de Sable, près de la Nouvelle-Écosse, Jacques Cartier est invité par le roi François Ier à explorer le territoire en son nom. Il quitte donc Saint-Malo le 20 avril 1534 et arrive en Amérique 20 jours plus tard.
Après une courte escale sur la Côte-Nord, Cartier poursuit sa route vers Terre-Neuve, la baie des Chaleurs et arrive ensuite dans la baie de Gaspé. Quelques jours plus tard, à Gaspé, son équipage et lui érigent une croix arborant un écusson en bosse à trois fleurs de lys, sur lequel est gravé « Vive le roy de France », marquant ainsi la prise de possession du territoire. Il explore sommairement les côtes et le golfe Saint-Laurent, avant de retourner en France1.
Cartier entreprend sa deuxième expédition le 19 mai 1535 avec 3 navires sous son commandement : la Grande Hermine, la Petite Hermine et l’Émérillon.
Cette fois-ci, il s’aventure beaucoup plus loin dans le Saint-Laurent. Les navires accostent à Stadaconé, sur l’emplacement actuel de la Ville de Québec, le 17 septembre 1535.
Rapidement, Cartier constate la beauté des paysages et la fertilité des sols. Deux jours plus tard, il se rend à Hochelaga, sur l’emplacement actuel de la Ville de Montréal. Après avoir fraternisé avec les Iroquoïens et compris qu’il serait difficile d’atteindre l’Orient par cette voie, Cartier revient à Stadaconé.
Sur ses ordres, on construit un fort près de la rivière Lairet qui se jetait à l’époque dans la rivière Saint-Charles, sur l’emplacement de l’actuel parc Cartier-Brébeuf. Ce fort est entouré d’un fossé et muni de pièces d’artillerie afin de se protéger d’éventuelles attaques autochtones.
Ce premier hiver 1535-1536 est rude : 25 hommes sur 110 meurent et la plupart souffrent de maladies. Cartier et ses hommes n’attendent que la fonte des glaces pour lever les voiles vers la France, en explorant néanmoins le golfe Saint-Laurent au passage2.
En 1541, Jean-François de La Rocque de Roberval est nommé lieutenant-général du Canada. Il a pour mission de fonder une colonie en Nouvelle-France, de construire des bâtiments et de recruter des hommes pour peupler le pays. Jacques Cartier est sous son commandement.
Le 23 mai 1541, Cartier et 5 navires quittent Saint-Malo les premiers. Il fonde la colonie de Charlesbourg-Royal et érige deux forts à l’embouchure de la rivière Cap-Rouge, près de Stadaconé (ville de Québec) où il pense également découvrir un riche gisement de diamants et d’or.
Au cours de l’hiver 1541-1542 un conflit entre Français et Iroquoïens convainc Cartier ─ qui a été témoin de la mort de plusieurs colons et qui a vu son établissement en état de siège ─ de retourner en France. Arrivé à Terre-Neuve, il croise Roberval qui lui ordonne de retourner dans la colonie. Cartier poursuit néanmoins sa route, impatient de rapporter au roi de France les « précieuses richesses » qu’il ramène de Cap-Rouge. Une fois en France, il apprend que ses diamants et pierres précieuses ne sont que du quartz et de la pyrite de fer…
Roberval, de son côté, remonte le fleuve Saint-Laurent et s’établit vraisemblablement au même endroit que Cartier a quitté. La nouvelle colonie portera plusieurs noms selon les sources : France-Roy, fort Henri-Charles, France-neufve. Cette fois, les relations avec les Autochtones semblent plus harmonieuses.
Mais l’hiver 1542-1543 frappe durement : le quart de la colonie périt en raison du scorbut. Après avoir exploré à nouveau les côtes du Saint-Laurent jusqu’aux rapides de Lachine (Montréal), l’expédition et les colons retournent en France.
Jusqu’aux années 1600, il n’y a pas de nouvelles tentatives officielles de peuplement du Canada. Les pêcheurs européens continuent de fréquenter le golfe et le fleuve Saint-Laurent pour ses morues et baleines. Leurs relations avec les nations autochtones se limitent à des échanges de pelleteries contre des biens européens3.
Enfin, bien que le territoire longeant le golfe, le fleuve Saint-Laurent et ses principaux affluents, soit mieux connu et cartographié par les Européens, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas encore peuplé. Il faudra attendre le début du 17e siècle pour que les Français considèrent à nouveau l’idée de s’installer véritablement dans le nouveau monde.