De 1612 à 1627
Avant 1612, la Nouvelle-France n’a pas de véritable institution politique. De 1612 à 1627, la gouvernance de la colonie passe sous le giron de vice-rois. Champlain, à titre de lieutenant des vice-rois, partage quelques attributions judiciaires et administratives avec le principal commis des compagnies à chartes. Il est secondé par un lieutenant et un enseigne (officier militaire qui a rang après le lieutenant) à compter de 1625.
De 1627 à 1647
La Compagnie des Cent-Associés, sous la direction du cardinal de Richelieu, administre la Nouvelle-France à partir de 1627. Après la mort de Champlain en 1635, des gouverneurs sont désignés pour représenter le roi dans la colonie. Ils sont investis de la plus haute autorité dans les sphères civile et militaire. La Nouvelle-France est divisée en trois gouvernements vers 1643-1644 : Québec, Trois-Rivières et Montréal.
De 1647 à 1662
Les habitants de la Nouvelle-France (regroupés dans la Communauté des Habitants) louent le monopole des fourrures à la Compagnie des Cent-Associés en 1645. En retour, ils héritent du paiement des charges publiques (les dépenses pour l’entretien des gouverneurs, du clergé et des soldats). En 1647, un nouveau régime d’administration est institué : le Conseil de Québec. Ce conseil d’administration est transformé à cinq reprises jusqu’en 1662. Pour la première fois, des élus – les procureurs-syndics – participent à la vie publique de la colonie.
De 1663 à 1665
La Compagnie des Cent-Associés cède la Nouvelle-France au roi Louis XIV et la colonie devient une province royale en 1663. Le Conseil souverain est créé à Québec. Il a le pouvoir de juger les causes civiles et criminelles, d’enregistrer les ordonnances royales, de rédiger les règlements de police et de gérer les deniers publics. À l’époque, le gouverneur et l’évêque sont sur un pied d’égalité au Conseil.
De 1665 à 1760
L’arrivée d’un intendant en 1665 transforme diamétralement l’administration de la Nouvelle-France. Ce sont dorénavant le gouverneur et l’intendant qui se partagent le gouvernement de la colonie. Alors que le gouverneur conserve ses attributions militaires, l’intendant veille seul à l’administration civile. Celui-ci est à la tête de la justice, de l’ordre public, de la voirie et des finances. À la fin du Régime français, le Conseil souverain (Conseil supérieur) est d’abord et avant tout le plus haut tribunal de la colonie.
De 1759 à 1764
Après la capitulation de Québec, en 1759, et celle de Montréal, en 1760, les Britanniques instaurent un régime d’occupation militaire. La Nouvelle-France occupée est divisée en trois gouvernements : Québec, Trois-Rivières et Montréal. Des appareils de justice temporaires sont mis en place dans chacune de ces sections. Lorsque la guerre de Sept Ans prend fin avec le traité de Paris, le 10 février 1763, le Canada devient officiellement une colonie britannique.
De 1764 à 1775
Dans la nouvelle Province de Québec, un gouvernement civil est instauré le 10 août 1764. Le Conseil de Québec, formé du gouverneur et de huit conseillers, rédige les ordonnances nécessaires au maintien de la paix et de l’ordre. Ce conseil cumule les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Il administre la concession des terres de la Couronne et réglemente les affaires de justice et de finance. À cette époque, des baillis sont élus par la population pour occuper la charge d’agent entre l’État et les paroisses.
De 1775 à 1792
L’Acte de Québec, adopté par le Parlement de Westminster et sanctionné par le roi le 22 juin 1774, est suivi de la création d’un Conseil législatif pour veiller sur l’administration des affaires de la Province de Québec. Cette « Législature » se compose d’au moins 17 et d’au plus 23 conseillers. Le pouvoir exécutif demeure entre les mains du gouverneur. On crée quatre offices de lieutenant-gouverneur de district pour l’administration des régions plus éloignées.
De 1792 à 1838
Le Parlement de Londres modifie l’Acte de Québec avec l’adoption de l’Acte constitutionnel, sanctionné par le roi le 10 juin 1791. Les premiers députés de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada se réunissent à Québec, le 17 décembre 1792. Ils siègent pour débattre et voter les lois, mais partagent le pouvoir législatif avec les membres du Conseil législatif. Le gouverneur détient toujours seul le pouvoir exécutif, mais il peut se faire aviser par les membres du Conseil exécutif.
De 1838 à 1841
Après les insurrections de 1837 et de 1838, une loi britannique vient suspendre la constitution parlementaire de 1791. Un conseil spécial, doté du pouvoir de légiférer par ordonnance, assiste le gouverneur dans ses fonctions et administre temporairement le gouvernement du Bas-Canada. Les pouvoirs du Conseil spécial sont restreints en matière de taxation.
De 1841 à 1867
L’Acte d’Union, adopté par le Parlement britannique et sanctionné par le roi le 23 juillet 1840, réunit les provinces du Bas et du Haut-Canada. La province du Canada est dotée d’un parlement constitué d’une assemblée législative, d’un conseil législatif et d’un gouverneur agissant au nom de la couronne britannique. L’Assemblée législative de la province du Canada est composée d’un nombre égal de représentants de chacune des anciennes provinces. Les conseillers législatifs seront aussi élus à compter de 1856. Avec l’application du principe de la responsabilité ministérielle, les membres du gouvernement doivent être membres du Parlement, ou le devenir, et doivent jouir de la confiance de la majorité de ses membres élus. Le Conseil exécutif est dorénavant constitué de véritables ministères capables de mettre en œuvre les lois adoptées par le Parlement et sanctionnées par le lieutenant-gouverneur.
De 1867 à 1931
Le 1er juillet 1867, la Confédération canadienne réunit sous une administration fédérale la province du Canada (l’Ontario et le Québec, qui formeront deux provinces), la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Les compétences sont partagées entre un gouvernement central et celui des provinces. D’autres provinces et territoires s’uniront au Canada : le Manitoba et les Territoires du Nord-Ouest (1870), la Colombie‑Britannique (1871), l’Île‑du‑Prince‑Édouard (1873), le Yukon (1898), l’Alberta et la Saskatchewan (1905). Avec la Confédération, le Parlement de Québec est formé de l’Assemblée législative, du Conseil législatif et du lieutenant-gouverneur.
De 1931 à 1982
Le Statut de Westminster clarifie davantage l’indépendance législative des dominions. Dorénavant, le gouverneur général du Canada ne sera plus considéré comme un agent du gouvernement britannique, il agit uniquement comme représentant personnel du roi. Aussi, le souverain ne règne plus sur le pays à titre de roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, mais plutôt comme roi du Canada. Enfin, Terre-Neuve fait son entrée dans la fédération canadienne en 1949.
De 1982 à nos jours
Sans l’accord du Québec, le gouvernement canadien procède au rapatriement de la constitution canadienne en 1982. La Chambre des communes, la Chambre des Lords et le Conseil privé de Londres cessent alors de jouer un rôle supranational dans les affaires politiques canadiennes. Depuis 1982, le Canada et les provinces disposent donc des pouvoirs d’amender sa constitution sans le consentement du Parlement britannique.