Tradition politique moderne, démocratique et égalitaire, le féminisme est une doctrine qui favorise l’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la société.
Les notions de libération de la femme apparaissent au 17e siècle, en même temps que le concept « d’individu » défini par les penseurs de l’époque, dont le philosophe anglais John Locke, qui est considéré comme le père de « l'individualisme libéral ».
Ces idées prennent leur élan avec le Siècle des Lumières (18e), mais le terme « féminisme » n’apparaît dans son sens actuel qu'à la fin du 19e siècle.
Les premières revendications féministes visent surtout à réformer les institutions pour que femmes et hommes soient égaux devant la loi : droit de vote, droit à l'éducation, droit au travail et droit à rester maîtresses de leurs biens.
Au 20e siècle, les luttes féministes influencent les décisions politiques et leur statut social : les femmes obtiennent le droit de vote, elles accèdent au marché du travail, elles ont le droit de contrôler leur corps. Elles sont désormais libres de faire leurs choix politiques, de décider de leur statut économique en intégrant ou non le marché du travail, d’utiliser ou non des moyens de contraception ou encore de mettre un terme à une grossesse non désirée1.
Jusqu’au début des années 1960, l’action des féministes se situe en prolongement de leur rôle de mères et d’épouses. Cette vision traditionnelle du rôle social et politique de la femme commence à changer après la Seconde Guerre mondiale.
De partout, la société de consommation nord-américaine de l’époque incite les femmes à demeurer ou à retourner à la maison pour se consacrer à leurs enfants et à leur mari. La publicité omniprésente vante les nouveaux appareils électroménagers qui facilitent la tâche des « reines du foyer » et les libèrent de la « servitude ». Ce puissant courant n’empêche pas les femmes de vivre d’importants changements qui marquent leur condition et accélèrent une véritable prise de conscience.
Avec le temps, elles sont toujours plus nombreuses à travailler hors du foyer et à accéder aux études supérieures. Elles percent également dans des métiers jusque-là réservés aux hommes et occupent de hautes fonctions dans la société (juge, haute direction d’entreprise, ministre, première ministre).
Dans les années 1960, les débats sur l’avortement et le contrôle des femmes sur leur corps soulèvent des controverses. Plus discrets, mais tout aussi fondamentaux, des gestes comme la planification des naissances et la contraception sont pratiqués par un nombre grandissant de femmes.
De façon plus large, le féminisme se concentre sur des notions nouvelles, comme le sexisme et le patriarcat afin de mieux identifier les obstacles à l’égalité des sexes. Toutes ces avancées stimulent les mouvements féministes qui se dotent de nouvelles associations comme la Fédération des femmes du Québec (FFQ) créée en 1966 à l’initiative de Thérèse Casgrain.
Articles sur le féminisme des années 1960:
Après que la Commission Bird ait dénoncé la discrimination envers les femmes et réclamé l’égalité de droit et de fait, plusieurs pas sont franchis pour atteindre cet objectif. D’autres lois et modifications au Code civil reconnaissent l’égalité entre les conjoints, facilitent le divorce et permettent le mariage civil2.
En 1975, la Charte québécoise des droits et libertés de la personne interdit toute discrimination fondée sur le sexe. Jusqu’à aujourd’hui, plusieurs mesures sociales touchant la condition féminine sont instaurées : allocations familiales, prestations d’aide sociale, pensions alimentaires, congés de maternité et équité salariale3.
Dans les années 90, le champ d’action du féminisme s’élargit en touchant notamment l’équité salariale, la discrimination positive, la parité politique ou l’équilibre entre droits des femmes et religion4.
Articles sur la Commission Bird:
Articles sur l'équité salariale:
Au Québec, les luttes féministes du 20e siècle ont forgé un véritable contrat social basé sur l’égalité entre les femmes et les hommes.
Aujourd’hui, de nouveaux défis jalonnent la poursuite de cet objectif : la place des femmes dans les grandes entreprises, l’égalité hommes-femmes au regard de la liberté de religion, l’hypersexualisation surtout des fillettes et des adolescentes et, régulièrement, le retour des débats sur l’avortement.
En outre, l’égalité entre les hommes et les femmes sur le marché du travail et l’équité salariale constituent, encore aujourd’hui, des enjeux majeurs. Les questions afférentes à la conciliation travail-famille et au partage des tâches sont également au cœur d’une réflexion sur les inégalités entre les hommes et les femmes.
Ces enjeux ─ fondamentaux dans une société de droit ─ sont débattus sur la scène publique et dans le cadre de travaux parlementaires.
1 Le Collectif Clio, L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Le Jour, 1992, 646 p.
2 John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Québec, Septentrion, 1995, p. 345-346.
3 Charte des droits et libertés de la personne (chapitre C-12), Québec, http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/C_12/C12.HTM
4 Christophe Horguelin et al, Fresques; Histoire et éducation à la citoyenneté, 2e cycle du secondaire 2e année, tome 2, Montréal, Chenelière Éducation, 2009, p. 157-158.