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Vers le suffrage féminin au Québec

La situation québécoise au 19e siècle

Loin d’être aussi radicales que les suffragettes britanniques dans leurs moyens d’action, les féministes québécoises se regroupent en 1893 au sein du Montreal Council of Women, composé surtout d’anglophones. Quatorze ans plus tard, les Canadiennes françaises s’organisent au sein de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste.

Il faut rappeler que les Québécoises ont eu le droit de voter pour élire des députés jusqu’à l’interdiction formelle imposée en 1849 par le ministère Baldwin-LaFontaine. Les femmes votent ensuite à quelques reprises aux élections municipales, mais sous certaines conditions, dont celle d’être propriétaire.

Des associations militantes pour le suffrage féminin

Album photo
Lettre de Marie Lacoste-Gérin-Lajoie au premier ministre Taschereau.

Ce n’est qu’en 1918 que les Québécoises peuvent voter aux élections fédérales.

En 1922, des Québécoises francophones et anglophones créent le Comité provincial pour le suffrage féminin. Présidé par Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Anna Lyman, ce comité compte en ses rangs Carrie Matilda Derick, Grace Julia Parker (Lady Drummond), Grace Ritchie England, Idola Saint-Jean et Thérèse Casgrain.

 À cette époque, le Québec est la seule province où les femmes ne sont toujours pas autorisées à voter aux élections provinciales.

Le clergé s’oppose au droit de vote des femmes

Le 9 février 1922, le Comité provincial pour le suffrage féminin forme une délégation de 400 femmes qui se rend à Québec pour rencontrer le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau. Celui-ci affirme que si elles obtiennent un jour le droit de vote, ce n’est pas lui qui le leur aura accordé.

Le clergé s’y oppose fermement et initie une pétition de femmes du milieu rural qui recueille 25 000 signatures contre le suffrage féminin. Le droit de vote des femmes ne fait même pas l’unanimité chez les femmes.

Articles:

Série d'articles sur l'opposition du clergé au suffrage féminin:

Album photo
Portrait d'Henry Miles.

9 février 1922

9 février 1922, c’est un documentaire de l’Assemblée nationale qui retrace l’histoire du suffrage féminin au Québec.

Mettant en vedette les historiennes Denyse Baillargeon, Mylène Bédard et Sophie Imbault, plongez dans une épopée passionnante et surprenante!

La Bibliothèque de l'Assemblée nationale a réalisé une exposition virtuelle sur ce sujet. À découvrir ici

L’affaire « Personne »

Monument Les femmes sont des personnes!.

À la même époque, l’affaire « Personne » fait des vagues sur la scène fédérale, où les portes du Sénat sont toujours fermées aux femmes.

Selon la Loi constitutionnelle de 1867, le gouverneur général peut nommer au Sénat des « personnes » ayant les qualifications requises. Le terme « personne » exclut-il les femmes?

En 1928, la Cour suprême du Canada tranche à l’unanimité : les femmes ne constituent pas des personnes au sens de la Loi constitutionnelle de 1867. Le Comité judiciaire du Conseil privé britannique renverse cette décision un an plus tard.

Délégations féministes au parlement de Québec

Au Parlement de Québec, c’est en 1940 qu’est finalement adoptée la loi accordant le droit de vote aux femmes. Avant d’y parvenir, ce projet de loi a été présenté pas moins de 13 fois par ses partisans, mais il a toujours été rejeté. Presque à chaque fois, les militantes suffragistes allaient au parlement de Québec assister à la présentation de ce projet de loi. 

Si certains députés en approuvent le principe, d’autres s’y opposent obstinément lors de débats animés.

Quand, par exemple, Joseph-Grégoire Bélanger présente le projet de loi en Chambre le 8 mars 1938, il est aussitôt accueilli par les railleries de certains députés. Le Nouvelliste rapporte même que « l’on en vit plusieurs ne pas se gêner pour lire les journaux, d’autres bâiller généreusement et quelques-uns même dormir bien profondément »1. Mais dans les tribunes, des centaines de femmes assistent à la scène et applaudissent les députés appuyant leur cause.

Bélanger, qui est l’un d’eux, se dit certain que les femmes, « grâce à leur ténacité dans la revendication », obtiendront un jour le droit de vote au Québec. Pour lui, la démocratie ne sera pas complète tant que les femmes ne pourront voter et, pour lui, le suffrage féminin s’inscrit « dans l’évolution normale de notre société ». Malgré ce plaidoyer, la majorité en Chambre rejette une fois de plus ce projet de loi2.

Parallèlement à ces débats, des actions d’éclat sont planifiées pour rallier la faveur populaire à la cause du suffrage féminin. On distribue des dépliants, on organise des assemblées publiques dans tout le Québec et Idola Saint-Jean se présente à titre de candidate indépendante aux élections fédérales de 1930 dans Saint-Denis, où elle obtient 1 732 voix.

En 1932 commence la diffusion de deux émissions radiophoniques, Fémina et Actualité féminine. Trois ans plus tard, Idola Saint-Jean profite des 25 ans de règne de George V pour lui faire parvenir une pétition comptant 10 000 signatures en faveur du suffrage féminin.

Malgré tout, le gouvernement du Québec refuse de modifier la loi électorale. Maurice Duplessis, successeur de Taschereau, s’oppose lui aussi au droit de vote des Québécoises.

Mais les événements se précipitent à partir de 1938. En juin, le Parti libéral tient son congrès à Québec. Des femmes y participent pour la première fois : elles sont 40 sur plus de 800 délégués. Ernest Lapointe, ministre fédéral de la Justice, et Thérèse Casgrain parviennent à gagner l’appui unanime des militants libéraux en faveur du droit de vote des femmes. Adélard Godbout, chef du parti et d’abord opposé à cette mesure, accepte qu’elle soit inscrite au programme électoral.

Délégation de femmes réclamant le suffrage fémininVerso de la photo représentant une délégation de femmes

Godbout et le droit de vote des femmes

Page couverture de la loi.

Après la victoire de Godbout en 1939, lettres, télégrammes et pétitions affluent de partout au Québec pour lui rappeler sa promesse. Finalement, malgré l’opposition persistante du clergé et des « antisuffragistes », un projet de loi sur le suffrage féminin est présenté en Chambre.

Certains éléments du clergé ne l’entendent cependant pas ainsi : le journal L’Action catholique, propriété de l’archevêché de Québec, fait campagne contre le projet de loi. En réaction, le premier ministre Godbout aurait informé le cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve qu’il démissionnerait de son poste si le clergé ne cessait pas son opposition. Il lui aurait également laissé entendre que son successeur serait Télesphore-Damien Bouchard, un anticlérical notoire. Rapidement, les objections contre le projet de loi disparaissent de L’Action catholique.

Le 18 avril 1940, le projet de loi accordant le droit de vote et d’éligibilité aux femmes du Québec est adopté par une majorité de 67 voix contre 9. Il est ratifié le 25 avril par le lieutenant-gouverneur.

Les Québécoises votent pour la première fois aux élections provinciales du 8 août 1944, mais il faut attendre en juillet 1947 pour qu’une première femme, Mae O’Connor, se présente devant l’électorat lors d’une élection partielle.

On compte 3 candidates aux élections générales de 1952, 7 en 1956, et aucune en 1960. C’est Claire Kirkland-Casgrain qui, élue dans la circonscription de Jacques-Cartier le 14 décembre 1961, devient la première femme de l’histoire à siéger à l’Assemblée législative du Québec.

1 Le Nouvelliste, 18 mars 1938.        

2 Christian Blais, Introduction historique, 20e législature, 3e session (26 janvier 1938 au 12 avril 1938), Québec, Assemblée nationale.

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